mardi 30 octobre 2007

mes excuses mes excuses... premier petit résumé du mois de novembre !

Oups oups je me rends compte que je me suis tue pendant longtemps, trop longtemps... Entschuldigung à ceux qui me suivent régulièrement ! Mais non je n'ai pas été éliminée par une Bratwurst ou gobée par un Strassenbahn ! Je suis bien vivante malgré mon long silence que je vais tenter de rattraper tant bien que mal grâce à un résumé efficace de ma vie à FFO ! Pour me faire pardonner je placarde ici même une photo de la girafe berlinoise de Legoland parce que je l'avais promis aux p'tits cousins... Voilà c'est fait !

Bon bah Frankfurt (Oder) n'a pas changé si ce n'est que désormais la nuit tombe à 16h et que triple crotte on se gèle le naseau, mais faut s'accrocher hein, l'hiver est apparemment encore bien timide... Qu'est-ce que ce sera quand il se sera déridé? Heureusement que j'ai mes bottes en poils de yack pour escalader les nuages, sans ça je serais perdue. Alors voilà, y 'a eu la venue de la co, évènement fondamental dans ma petite vie allemande.... La co à FFO c'est p'têt plus important que la fête de la bière, c'est pour dire. Co qui au passage a réalisé une magnifique maquette de ma jolie ville, maquette qui je l'affirme aurait toute sa place aux côtés de la biographie de Kleist dans le guide touristique de la ville (je crois avoir déjà mentionné Kleist ici, la personnalité de la ville après les knödels fourrés aux riz, il s'est tué avec sa femme sur une île... elle s'appelait Henriette sa femme).

Enfin la Co à FFO ça fait presque FFco (soit Co double force!), et y'a de quoi être fort après les péripéties à l'aéroport de Roissy en grève et finalement l'arrivée par le train le lendemain à la Ostbahnhof. Co, ça rime avec un dîner en Pologne et la traversée de ce pont qui décidemment ressemble bien trop au pont de Cergy-Pontoise, ça rime avec travail studieux dans ma chambre (et l'inauguration de la chaise Möbel Boss qui attendait tout de même un derrière depuis le mois de septembre!) et avec achat de manteau dans FFO pour faire la fière à Paris (bah oui oui moi chui allée à la frontière polonaise là bas y'a des ours blancs).

Avec la co on a visité le marché aux puces de Prenzlauer Berg (ben non je ne m'en lasse pas!), on a acheté une machine à coudre digne d'un playmobil (mais qui marche!), on a mangé dans un café pleins de Français, on a retrouvé Sam et Axel, des copains de Sciences-po, sur l'Alexander Platz qui était saturée de plumes, à croire qu'il y avait eu une bataille de poules. Là on a découvert un autre quartier à l'est de Berlin qui mérite que l'on s'y arrête, c'est Kreuzberg, considéré comme le quartier le plus populaire de la capitale, avec ses cafés biscornus mais très branchés, ses restos turcs et pakistanais et ses magasins pour téléphoner à l'autre bout du monde comme on en trouve dans le 19è arrondissement de Paris. C'est un quartier très vert aussi, avec une piscine qui a l'air géniale et dans laquelle on peut se baigner sans limite (très rare en Allemagne, on paye sa baignade au temps, et si l'on reste trop longtemps dans l'eau chlorée bah ça sonne... Et là c'est la honte, déjà que l'on a un bonnet en plastique sur la tronche!). Kreuzberg c'est aussi le quartier des auberges de jeunesse, de la cuisine multi-kulti, de la vie nocturne, avec ses deux parcs et son canal bordés de cafés et de boites sympathiques...

Le samedi soir avec la co c'est tentative râtée de visite d'un marché aux puces à FFO accompagnées de Pavlina, ma coloc Tchèque adepte de la méditation et du chatouillage des énergies (après une séance de lévitation dans la cuisine, entourée d'Isa, de Joanna et de Pavlina qui semblait presque habitée par l'âme d'un Bouddha, je dois avouer que je n'ai pas ressenti le moindre gratouilli au creux de main... Mais il faut le temps d'après Pav, puis c'est la musique aussi, on avait pas la musique. Enfin paraît que ça détend, ce qui doit être vrai, en témoigne l'état de Pavlina après ses séances de gagarisme plutôt bruyantes... Enfin ce qui me rassure c'est que désormais je sais ce qu'elle traficote, je n'ai plus d'angoisses). Le marché aux puces râté c'est un truc assez simple : il suffit d'additionner au trajet sous la pluie, un ticket d'entrée à 3 euros (!) et un premier stand censé donné envie de payer le ticket, mais ne vendant que des poignets de porte rouillées. Enfin heureusement on a rattrapé notre samedi soir deux immeubles plus loin, chez les Français avec qui l'on a joué à ce jeu de cartes apparemment connu, le Loup garou, dont le but est finalement de mentir à ses propres camarades pour les mieux dévorer... Enfin quoi faut faire preuve de malice.
Bon puis finalement la co ça a aussi une fin, c'est comme tout, avec un arrière goût d'amertume tout de même, semblable à celui de la main qui plonge dans le sac de bonbons pour s'apercevoir qu'elle a déjà saisi le dernier et qu'il n'y a donc plus de dernier!

PS : ne vous fiez pas aux dates indiquées la blog, je suis branchée sur le fuseau horaire de la Géorgie du Sud... et j'arrive pas m'en aller !

samedi 20 octobre 2007

mardi 16 octobre : parce que se tromper fait avancer... ou comment avoir l'air naze en deux leçons !

On dit que ça fait partie des expériences inévitables de la vie Erasmus... Peut-être mais ça n'en est pas moins ridicule. C'est pas parce que porter un matelas pendant 2 km a pour conséquence inévitable d'avoir un lumbago que je me réjouis de la chose ! Enfin toujours est-il que j'ai gâché pratiquement trois heures de ma vie -bah oui quand même c'est pas rien. Et le comble c'est que je ne saurai sûrement jamais rien de l'architecture expressionniste... C'était le nom du cours que j'étais censée suivre ce mardi 16 octobre de 16h à 18h, plus précisément Kunst und Architektur des Expressionismus (avec un beau génitif comme celui-là j'étais obligée d'aller voir !). Dans le Vorlesungsverzeichnis, c'était indiqué salle 5, alors je m'y suis installée, confiante. Pas mal d'étudiants étaient déjà arrivés, ce qui m'a étonnée, puisque j'avais quinze minutes d'avance et que l'habitude chez les Kulturwissenschaftenleute c'est plutôt le retard. Puis c'est vrai aussi qu'ils étaient habillés un peu sérieusement pour des Kuwi, mais bon je me suis dit que fallait pas ranger tout le monde dans la même valise, alors que oui bah pourquoi pas, y'avait p'têt des Kuwi moins funky que d'autres... Bon, non pour être honnête j'ai même pas pensé tout ça sur le coup, je n'ai tout simplement pas fait attention. Quand une blondinette très sûre d'elle a crié que la salle avait changé et que l'on devait se rendre dans l'amphi 2 je n'ai pas réfléchi un seul instant et j'ai suivi la masse pour aller m'asseoir bien au milieu de l'amphi 2, coincée de chaque côté par des étudiants armés de gros bouquins (mais qu'est-ce que c'est que ça ? Des dictionnaires sur l'expressionnisme ? Zut j'avais pas lu qu'il fallait un bouquin particulier...). Le temps de sortir mes affaires, je suis frappée par la voix du prof, très proche de celle de Donald Duck... Bouh ce qu'il articule mal... Ca me panique assez finalement puisque je me rends compte que je ne comprends pratiquement rien ! Oups qu'est-ce qu'il se passe ? J'ai dû prendre un coup sur la tête au moment où l'on changeait de salle, juste sur l'hémisphère qui contient tout mon allemand... C'est bêta je me suis aperçue de rien ! Bon au bout d'un quart d'heure je comprends toujours rien, ou du moins juste assez pour percevoir que le problème n'a rien à voir avec un seul de mes hémisphères. Évidemment le prof parle de tout sauf de l'expressionnisme... Le polycopié d'une fille rousse à lunette sur ma gauche indique "Cours de droit civil - droit des obligations, étudiants de Master"... EURGHH ! Mais qu'est-ce que je fais là ?? C'est pas l'expressionnisme ça, ça me plaît pas du tout comme titre, mais alors pas du tout ! Je suis toute petite moi, rien à faire avec des Masters, ils pourraient être mon père et ma mère (bon j'exagère, je serai une Master l'année prochaine moi aussi... Enfin non en un an j'ai le temps de grandir, là je me sens pas du tout du tout prête !).

Aucune porte de secours, je suis bloquée à ma droite et à ma gauche par des étudiants à l'air très très sérieux... Et puis imaginons que je réussisse à faire déplacer toute la rangée... Bah la porte se situe à la droite de l'estrade, juste à côté du prof, qui ne manquerait évidemment pas de faire une remarque, vu qu'il ne cesse depuis tout à l'heure d'interpeller les élèves un à un dans l'amphi pour qu'ils répondent aux questions. Bon je n'ai plus qu'à rester là, et à croiser les doigts pour qu'il ne me demande rien, surtout que les réponses semblent se trouver dans ce gros bouquin de 500 pages que ma voisine, comme tous les autres, feuillette avec avidité. Ah mais crotte de crotte de crotte ! Je suis bêêêêêêêêête ! Je vais tenter de me faire toute petite, comme ça personne ne me verra... Mais pourquoi bougre ai-je mis ce jour-là mon pull multicolore acheté un euro au marché aux puces de Berlin !?! Avec ça je détonne totalement, ils sont tous habillés en noir ! Qu'est-ce que je peux faire, faut que j'écrive un truc pour faire semblant de prendre des notes. Euh... tiens je vais raconter ma semaine, ça me fera passer le temps ! Plus tard, alors que je suis en train de mourir à petits feux sur mon banc, une conversation de la veille, avec Mercedes, me revient en tête et fait tourner mon estomac trois fois sur lui-même. Elle me parlait justement des cours de droit qu'elle suit en tant qu'étudiante de Master, et qui peuvent durer entre quatre et six heures ! Gloups.... Je ne veux pas rester là quatre heures !! Non s'il vous plait... J'ai qu'à faire le coup du malaise ? Non tout le monde me regarderait ce serait trop affreux, et puis l'on risquerait de m'envoyer aux urgences, et avec la carte Européenne paraît que c'est pas bien remboursé. Enfin je prends mon mal en patience et je tente de faire dérougir mes joues en pensant à une mer de glaçons. C'est évident, tout le monde à remarqué que je ne suis pas à ma place ! Je croise les doigts aussi, pour ne pas rester jusque 20h !! Argh non non c'est impossible ça je ne peux pas, ce soir y'a la fête officielle pour les Erasmus dans la cafétéria, organisée par les Interstudis et l'université, avec la présidente, les profs, tous nos tuteurs, enfin tout le monde quoi ! Et ça commence à 19h, je ne veux pas être en retard, ça le ferait pas !
Finalement à 18h, la voix de canard prend un ton de conclusion, ouf ouf ouf pourvu que ce ne soit pas une fausse alerte ! Non ils prennent tous leurs affaires, ils enfilent leur robe de juriste et se dirigent vers la sortie, oui oui je suis libre !! L'avantage c'est que je suis au moins sûre d'avoir choisi la bonne faculté, parce que le droit, surtout en allemand et enseigné par Donald Duck, ça n'est définitivement pas mon truc, je préférerais encore avaler un kilo de Wurst grillée plutôt que de suivre un autre de ces cours !

jeudi 18 octobre 2007

du lundi 15 au jeudi 18 octobre : première semaine de cours !!

Outre ses cafés Erasmus, ses deux boites de nuit, ses clubs, ses parcs et ses supermarchés, Frankfurt (Oder) est aussi une ville connue pour son université, et c'est justement dans cette université que je suis censée passer un minimum de temps pour revenir à Sciences-Po en ayant validé mon année... (pour visiter l'université rendez-vous ici) Et ce temps ne doit pas se résumer à assister aux heures de cours que j'ai choisies, mais aussi à fournir un tant soit peu d'efforts à la maison, ne serait-ce que pour lire la trentaine de pages que demande chaque prof toutes les semaines et pour préparer les Hausarbeiten et les Referate (devoirs à la maison et exposés), sans parler des Klausuren (examens finaux).

Alors voilà, les cours ont commencé... La première semaine à la Viadrina est une semaine d'essai, c'est un peu à la carte, on choisit les cours auxquels l'on veut assister dans le Vorlesungsverzeichnis (livret avec tous les cours commentés). Puis on se rend aux cours voulus et l'on voit si ça nous botte... Bon mon critère premier c'était évidemment d'éviter les profs zozotants ou pas glop, parce qu'avec un prof mal embouché je partirais avec une épine dans ma botte en poils de yak. Bref, j'ai donc joué le jeu et tenté pas mal de cours. À présent il me reste à choisir, parmi tous ces cours, ceux que je souhaite garder ou non. Le lundi après-midi j'ai assisté à un cours de linguistique mené par le professeur Rosenberg. En plus d'être mon coordinateur (il doit valider mon choix de cours avant que je l'envoie à Sciences-po), Monsieur Rosenberg possède une grande qualité puisqu'il parle plus clairement que Barbie maîtresse d'école. Le mardi j'ai tenté le cours de Mlle Grün, dont le thème s'est révélé très intéressant : introduction à la recherche sur les partis et mouvements politiques. Mlle Grün est très compréhensive et dynamique, un peu trop peut-être parce qu'elle parle à la vitesse d'un moulin à poivre, ce qui n'est pas toujours évident ! Le mercredi j'ai tenté le cours d'introduction aux théories sociologiques. Je suis ressortie avec le moral dans la chaussure droite, parce que le prof avait juste oublié de parler distinctement et de ne pas baisser la voix à la fin des phrases (mes notes n'ont l'air de rien : chaque phrase commence plutôt bien mais reste inachevée...). Du coup je vais devoir fournir un sacré effort pour suivre ! Enfin le jeudi j'ai assisté à un cours assez pointu mené par le spécialiste allemand de l'Europe de l'Est, Karl Schlögel, sur les relations americano-soviétiques dans les années 30... Ca me botte bien, même si là encore je sens que ça va me demander un sacré investissement. Il me reste deux cours à essayer, lundi et mardi matin. La bonne nouvelle c'est que je n'ai pas cours le vendredi !

Autre nouvelle, le lundi matin (15 octobre), j'ai dû passer un test de langue pour connaître mon niveau d'allemand et pouvoir m'inscrire au cours approprié (en tant qu'Erasmus l'on est tenu de suivre des cours de deutsch-langue étrangère). Mon but c'était de passer en Oberstufe, le niveau le plus élevé, parce que les cours y sont gratuits (ce qui n'est pas le cas dans les niveaux inférieurs !) et surtout on ne suit que quatre heures d'allemand par semaine au lieu de six en Mittel et Grundstufe. Le test n'était pas très difficile et le sujet de la rédaction écrite assez barbant... Je ne pensais pas avoir spécialement réussi pour autant, mais la bonne nouvelle c'est que le lendemain, les résultats étaient affichés au Sprachzentrum et que je suis en Oberstufe ! Je n'aurai donc que quatre heures par semaine ! Youplaboum ! (sur la photo : deux de mes colocs, Joanna et Isa très convaincantes en petites saintes... c'était juste avant la soirée vodka !)

Le mardi soir c'était la fête officielle d'accueil des étudiants Erasmus, organisée dans la belle Mensa : y'avait Martyna mon interstudis qui s'était installée à ma table, les Erasmus au complet (150 étudiants en tout, de 26 nationalités différentes), la présidente et tous les gens importants, de la musique live (le même groupe qui joue chaque mardi à Hemingways), un buffet énorme avec des Bretzels assez élastiques pour paraître infinissables, plein de gens bien habillés, et puis un quizz marrant et des fraises. Surtout, on avait droit en cadeau à une consommation gratuite à Hemingways, et à une entrée à la boite "die Grotte". J'ai réussi à en voler une pour Pierrot qui arrivait justement ce soir-là de Paris et ce pour une semaine ! C'était très sympa comme soirée, et puis la grotte est un endroit rigolo, tout petit, en sous-sol, avec une ambiance plaisante et de la musique plus funky que chez Kaméa.

Le jeudi soir, y'avait encore une soirée universitaire, pour fêter l'ouverture de l'année, organisée au Kleist forum. On y est allé toutes ensembles avec mes Mitbewohnerinnen, Isa, Pavlina et Joanna (sur la photo respectivement première à gauche, troisième un peu en retrait, et quatrième en rouge -Mercedes ne voulait pas venir) accompagnées de trois de leur copines polonaises. Dans le Kleistforum c'était assez dingue, y'avait des lumières partout, des écrans qui diffusaient des clips, une Wii pour jouer à Wii Sports (bowling, tennis, base-ball, boxe, golf), des Babyfoots, des pommes partout, deux salles de danse, l'une dans le grand hall du bâtiment, un truc de dix mètres de hauteur de plafond, tout vitré, avec des spots multicolores et des DJs ; l'autre dans une grande salle aux murs tout noirs, traversés de lumières vertes en mouvement, avec des DJs, et de la musique des années 70... Les gens étaient bien moins nombreux et beaucoup plus loufoques dans cette salle-là alors on y est resté et on a dansé avec le groupe de Bulgares et de Hongrois que j'avais rencontré au Workshop le vendredi précédent.
Dernière nouvelle: J'ai découvert que le basilic a gagné trois petites feuilles vertes hier... Il est peut-être encore sauvable, soyez sûrs que je surveille ça de près !!

dimanche 14 octobre : La Youd et la Co à Prenzlauer Berg

Ouhaou il fait méga beau et ça tombe méga bien puisque l'on comptait aller à Berlin pour faire découvrir un bout de la ville à Youdie qui n'a jamais posé le doigt de pied sur le sol berlinois. On part tôt pour avoir la journée à nous, mais évidemment on est dimanche, et bien que les transports soient inconditionnellement ponctuels ici en Allemagne, bah le dimanche c'est fréquent de devoir prendre trois trains différents avant de pouvoir arriver dans le centre de Berlin. Du coup on arrive dans le quartier de Prenzlauer Berg à 11h. On fait un p'tit tour dans le marché aux puces dont j'ai déjà parlé ici, et qui est grouillant de monde tant le soleil s'éclate dans le ciel.


Le midi on mange dans un Kneipe (café) au concept sympa puisque l'on commande au bar (fréquent en Allemagne) et on vient chercher notre commande à l'appel de notre nom. Le café ressemble au salon d'une mamie coincée dans les années 70 avec ses tapisseries à fleurs, ses meubles dépareillés qui servent de chaises et de tables et que l'on peut acheter, ses lampes oranges et ses tapis moumoute. Enfin c'est plutôt bon et l'ambiance est comme d'habitude dans ce quartier, bien sympathique ! On fait ensuite une grande ballade dans Prenzlauer Berg, très vert et mignon avec ses rues pavées et ses immeubles multicolores et l'on arrive à la place Kollwitz, qui porte le nom d'une artiste engagée, proche du socialisme (bien qu'elle n'appartenait à aucun parti), célèbre notamment pour ses sculptures et gravures dénonçant les conditions sociales de la classe ouvrière et les conséquences de la Première Guerre mondiale.

mardi 16 octobre 2007

du lundi 8 au vendredi 12 octobre : Einführungswoche, Mutter, Abigail et poils de Yak

L'Einführungswoche... Was ist das ? Non non ça ne se mange pas avec les doigts, ça ne se tricote pas avec du fil de laine, ça ne se jongle pas avec du feu... En deux mots c'est la semaine d'intégration - présentation - réunion - Wilkommenation pour les nouveaux étudiants. En ce lundi matin, 8 octobre, je me retrouve donc, avec la bande d'Erasmus sérieux qui ont réussi à se lever, au milieu d'un amphi blindé. J'écoute avec attention le discours d'accueil du vice-président de l'université, qui prend soin de distinguer les trois groupes formant la population estudiantine : y'a d'abord les sérieux, les Jura Leute (droit), puis les fashion ambitieux, les Wiwi (ceux qui étudient les Wirtschaftswissenschaftlichen soit les sciences économiques), et enfin les Kuwi (dont je fais partie ! Ce sont les étudiants qui étudient les Kulturwissenschaften, les sciences culturelles... Ceux qui ne veulent pas avoir de boulot plus tard !). Le vice-président, fort sympathique et plutôt drôle, en témoignent les rires fréquents de l'assemblée (je comprends presque tout j'ai dit, pas tout ! Alors oui, les blagues allemandes des fois ça me dépasse !) continue donc sur sa lancée en racontant que ces trois groupes sont facilement reconnaissables à leurs vêtements, très classiques chez les juristes, très classes chez les économistes, et baba cool chez les kuwi !

L'après-midi je retrouve les étudiants Erasmus réunis pour un accueil spécial "Gaststudenten" : on a le droit à un petit mot sympathique de chaque membre de l'administration qui s'occupe de nous, et on nous distribue des badges - que nous devrons porter lors de chaque "événement Erasmus" nous précise Bernd Schünow, le super papa de tous les Erasmus, celui qui s'était occupé de régler mes problèmes d'inscription fin août, celui qui attend les pauvres Erasmus devant les cours pour savoir s'ils ont bien tout compris, celui qui a des bonbons dans son bureau - bref sur ce badge y'a mon nom, le nom de mon école et puis un petit drapeau français pour bien montrer d'où je viens... Enfin c'est marrant d'être étiquetée, puis pratique, je rejoins rapidement les autres "bleu-blanc-rouge" qui viennent pour la plupart de Reims et de Montpellier (on est 10 Français en tout à FFO).

Le mercredi je mange avec les deux autres filles de Sciences-po (je ne les connaissais pas avant vu qu'elles viennent de Sciences-po Nancy et non de Paris) dans la nouvelle Mensa (la grande et belle Mensa). Bon je crois que je ne me ferai pas aux plats allemands : y'a du fromage pané (oui oui je sais) avec des pommes de terre, du choux rouge cuit avec des morceaux de Gurke (gros cornichons) et une pelle de sauce blanche avec des grumeaux... Ca schmeckt pas dégueu, mais je crois que je m'arrangerais pour pouvoir rentrer à la maison le midi ! Ah puis si quand même grande nouvelle, j'ai réussi à trouver de l'eau sans Kohlensäure, coincée entre du jus de sureau périmé depuis 2006 et une coupe dessert remplie d'une gelée bleue plus que suspecte. L'après-midi je file vers Berlin direction l'aéroport Schönefeld où une Mutter (la mienne en l'occurence) est censée arriver à 20h ! Bon aller à l'aéroport c'est quand même toute une aventure, puisqu'il faut prendre deux trains, mais finalement j'y suis en deux heures et j'en ai deux autres d'avance. Je dois ajouter que ce jour-là il fait juste affreusement froid, le premier jour où je sens des picotis sur mes cuisses et mes joues... Bouh et dire que le chauffeur de taxi le soir même me dira en un p'tit rire étouffé que j'ai intérêt à m'accrocher parce que là c'est rien ! Bon j'attends donc plusieurs heures à l'aéroport Schönefeld, j'en passe une à regarder les retrouvailles des gens, et c'est plutôt joli, et une autre à tenter de me débarrasser d'un étudiant venant du Bangladesh qui baragouine dans un anglais p'têt pire que le mien. Finalement la Mutti montre le bout de son nez et je suis bien contente ! Elle n'a pas changé en un mois, et m'a ramené un beau cadeau, du pain de la boulangerie Monge qui me manque terriblement parce qu'ici en plus des sauces à grumeaux, ben le pain n'arrive pas au croûton de celui de mon chez moi !

Le lendemain jeudi les Erasmus sont libres, j'en profite pour me ballader dans Frankfurt avec Youdie-la maman, il fait froid mais super beau et j'ai droit à un manteau d'hiver et à des bottes fourrées en poil de yak, de quoi affronter le méchant hiver d'ici (bah oui bah oui la co est jalouse, mais toi tu es à Paris, et là-bas c'est le bonheur d'être fille unique !). Au supermarché Real on achète un matelas génial (15 cm d'épaisseur avec une couette et un oreille, le tout roulé par je ne sais quel stratagème, sûrement grâce à une énorme machine à rouler les matelas dont je ne soupçonnais même pas l'existence!)... Enfin il est vachement bien ce dodo transportable, si ce n'est qu'il pèse une vache et que je me retrouve donc chargée comme un Père Noël sur tout le chemin qui nous ramène à la maison ( et y'a bien 1,5 km entre Real et la maison alors imaginez un peu !). Enfin l'avantage c'est que désormais qui m'aime me suive, j'ai de quoi faire dormir mes invités ici dans ma chambre de 20m2 à la frontière polonaise... Le truc moins fun c'est que je me suis coincée le dos et que je n'ai pas de maillot de bain pour aller le décoincer à la piscine ni aucune envie d'aller chercher un ostéopathe à FFO (mais merci pour le conseil Hyacinthe !), et surtout le matelas pue, un truc bien... On est complètement shootées !

Le vendredi je suis de nouveau appelée à l'université pour une journée "workshop"... ah ah qu'est-ce que c'est encore ! C'est un concept assez bidon de "discussions interculturelles" -s'il vous plaît !-, le but c'est officiellement de dépasser les préjugés et de s'ouvrir à l'autre. Je sais plus niais on meurt mais ça rapporte des crédits ECTS alors j'y vais quand même... Je ne suis pas spécialement fermée à l'autre, mais bon la discussion interculturelle entre des étudiants Erasmus, qui certes viennent de pays aussi variés que la Bulgarie, Hongrie, Slovaquie, Tchéquie, Turquie, est assez inutile puisque l'on partage à peu près tous la même envie de rencontrer des gens nouveaux (c'est pour ça que l'on est là), et de faire la fête à FFO. D'ailleurs même sur des exercices aussi épineux que l'histoire de la petite Abigaïl obligée de dormir avec le méchant Sinbad propriétaire d'une barque, pour rejoindre son amoureux Tom résidant de l'autre côté du fleuve plein de croco, qui apprenant l'histoire des galipettes avec Sinbad la laisse tomber son Abigaïl, comme une vieille carpe (bon finalement elle va se consoler dans les bras de John le meilleur pote de Tom)... Bref sur des sujets aussi difficiles, disais-je, ben nous étions tous à peu près d'accord pour dire qu'Abigaïl n'était coupable de rien, bien que la discussion ait porté sur la question cruciale de savoir qui "de Tom et de Sinbad est le plus méchant ??".

lundi 15 octobre 2007

du samedi 6 au dimanche 17 octobre : Rugby, Kleist Forum et złoty

Bon on a perdu... enfin ils ont perdu. Je le sais. Mais à l'époque bah je le savais pas encore, alors oui oui, j'étais contente de voir que les All Blacks étaient devenus tout petits devant nos maillots, enfin leurs maillots, de Français. C'est rigolo comme l'éloignement crée une sorte de retour aux sources du patriotisme bleu blanc rouge... Enfin tant que ça en reste au sport je m'inquiète pas. Bref on sautait partout avec Hyacinthe devant l'ordinateur de Pamela qui diffusait en boucle le dernier CD de Springsteen (bah oui sur Internet on pouvait suivre le match en direct, y'avait pas l'image c'est sûr, mais bon le score en direct suffisait à notre bonheur). Évidement les autres nous regardaient comme des poules qu'auraient trouvé un couteau... d'abord parce que le rugby c'est à coup sûr un sport qui n'a pas dépassé la frontière française ("mais ça se joue au pied le rugby?" " 'sont combien dans l'équipe?" - j'ai pris mon ton de singe savant "sont quinze les joueurs, le chiffre parfait, paraît-il, et ils courent avec la balle en bandoulière")... et surtout parce que nos gesticulations de joie devaient être un poil consternantes. Troels a dû répéter une trentaine de fois que "décidement les Français étaient ganz verrückt".

Après cette bouffée d'adrédaline digne d'authentiques gallinacés, nous avons quitté le logis de Pamela pour celui de Martin, deux numéros plus loin... Là devait se tenir une super "pre party" mais nous n'étions que nous, soient Swetlana l'Allemande, Hyacinthe, Troels le Danois, Alena la Tchèque, Anja la Polonaise, Pamela la Finlandaise et moi. Finalement la pre party n'aura duré que douze petites minutes : à 23h nous avions tous quitté le Wohnung de Martin, direction le Kleistforum (le centre culturel de la ville, tout vitré, portant le nom de la star locale, Heinrich von Kleist, écrivain allemand né à Frankfurt-Oder) où se tenait ce samedi soir l'une des soirées les plus funky de l'année. En fait c'était bien moins funky que chez Kamea, la boite aux coiffures déglinguées : joli c'est sûr, super fashion aussi j'imagine, bien décoré, éclairé tout... Mais trop pouet pouet pour moi. Heureusement on a quand même dansé un peu, et puis on a gagné un match de babyfoot, Hyacinthe et moi contre Troels et Swetlana.

Le lendemain dimanche, levée à pas d'heure, mission ménage pour accueillir comme il se doit les nouvelles colocs censées arriver dans la soirée. Vers 18h je rejoins le groupe, toujours les mêmes, pour une virée en Pologne. Nous passons la frontière armés de nos carte d'identité, puis nous traversons le pont qui joint les deux villes... Nous voilà à Slubice ! Après avoir changé nos euros en złoty, nous nous installons dans une pizzeria tout près de la frontière : nous mangeons plutôt bien et pour une somme modique (l'équivalent de 4 euros pour une boisson et un plat). La Pologne c'est quand même cool si on oublie les jumeaux et la folie catholique.
Le soir, en revenant de la pizzeria je rencontre donc mes colocs : Joanna est Polonaise, grande, blonde et plus souriante que Oui-Oui aux pays des jouets. Isabelle est aussi blonde (bah oui chui en Allemagne), mais Allemande, plus réservée que Joanna mais tout aussi détendue et sympa. C'est aussi le soir que Mercedes a choisi pour rentrer, ce qui fait que nous sommes au complet, puisque Pavlina, une Tchèque de 23 ans, habite aussi ici depuis une semaine (je sais je sais j'ai du retard, mais j'attendais que toute la famille soit au complet pour en parler). Pavlina est tout aussi gentille, mais anormalement stressée par la vie... Espérons que l'année à FFo lui apprenne à respirer par le nez ! Nous buvons un thé toutes les trois, avec Joanna et Isa, et nous discutons pendant deux heures dans la cuisine ! Hi je suis contente parce qu'elles pour le coup sont bien funky !

samedi 6 octobre 2007

du jeudi 27 octobre au vendredi 5 novembre : herbe de bison, Tokio Hotel et subjonctif 2

Ah la la quelle semaine, le rythme Erasmus n'est tout de même pas évident à prendre ! Faut savoir jongler entre les soirées, les verbes forts, les excursions à Berlin, l'apprentissage d'un vocabulaire de plus en plus riche (bramer en allemand se dit röhren, terme que j'ai déjà réussi à replacer deux fois dans une discussion, un exploit je dirais), la découverte d'aliments décidément trop suspects pour moi, les discussions politiques enflammées à 3h du matin (et en allemand s'il vous plaît!), et l'achèvement des dernières tâches administratives. Mais je m'en sors plutôt bien je trouve, je suis vivante, je n'ai pas encore hérité d'un Bierbauch (je passe du coup pour la p'tite Français typique incapable de boire plus d'une chope de bière -bah oui en France vous buvez que du vin blanc, du "Pineau des Charentes"-... là je suis restée bluffée parce qu'à part l'accent j'avais affaire à un fin connaisseur apparemment !) et j'ai même réussi après moult galères à obtenir ma carte d'étudiante (à moi les voyages gratuits dans tout le Land, à moi Berlin, Potsdam, Brandenburg).

En version résumée les fiestas Erasmus c'est : un zeste d'Ukrainiens aux noms immémorisables mais accueillants comme jamais (Wurst Party, dégustation de Schnapps ukrainiens, apprentissage des termes essentiels pour se dépatouiller à Kiev, politique Lektion entourée de partisans de l'Ukraine orange et de l'Ukraine bleue et récit enjôlivé de ma vie en France, capté par des visages éblouis buvant mes paroles... J'exagère un p'tit peu mais pas tellement, notre "culture française" fait l'objet d'un culte chez les jeunes Ukrainiens, je tente de démonter tout ça mais c'est pas évident!). Ajoutez à ça une poignée de Slovènes chez qui l'on organise un concours de dégustation de plats nationaux en commençant par le gratin dauphinois (Hyacinthe et moi aux fourneaux après épluchage de patates collectif, ouf notre réputation est sauve), une découverte difficile des penchants politiques des uns et des autres (décidément ici c'est tous des potes à Milton Friedman...). Ajoutez alors une poignée de longues soirées Hemingways dont la dernière reste mémorable en raison de l'arrivée massive des Argentins et Mexicains (qui, y'a pas à dire, savent comment remuer le popotin). Relevez avec un soupoudrage de vodka polonaise (avec un arrière petit goût... provenant justement de cette brindille verte qui flotte au fond de la bouteille : de l'herbe de bison apparemment, ou, pour être plus claire, de l'herbe baptisée aux bovidés ruminants, miam !). Et enfin parsemez le tout d'une once de folles nuits dans la boîte branchouille de la ville où s'agite une jeunesse funky aux coiffures extravagantes (parfois de tels cheveux ça frôle la tentative d'autodestruction... je promets ici de ne jamais aller chez le "Frisör" en Allemagne, je risquerais de ressembler à une Tokio Hotel).