jeudi 21 février 2008

La Caseeeeeeeeerne !!!


Pouet pouet ! Sortez les trompettes... Ca y est ça y est, je l'ai fait, j'ai franchi les limites de l'interdit !! Frankfurt-Oder en est devenue bien plus intéressante, comme ville, car oui oui j'ai osé l'impossible : passer de l'autre côté des grands et épais murs qui séparent le monde normal et serein de celui de "la caserne".




La Caserne j'en ai déjà parlé, mais pour ceux qui suivent pas, et puis pour ceux qui auraient tout simplement rangé ça dans un coin inconnu de leur tête (excusés par mon long silence), je vais réintroduire ce personnage essentiel qu'est la caserne désaffectée de Fankfurt-Oder. Je dirais que c'est l'attraction de la ville même si peu de personnes ont osé franchir le pas. La caserne c'est l'ancien repère de l'armée soviétique, les derniers militaires l'ont quittée en 1995, mais elle semble abandonnée depuis plus de trente ans, dévorée par les herbes, l'humidité et l'obscurité. La caserne c'est une suite ininterrompue d'immenses bâtiments en briques rouges, hauts de quatre à six étages, regroupés dans un gigantesque "parc" envahi de mauvaises herbes, le tout protégé d'épais murs, eux-mêmes rouges, et de barrières imposantes. Autant dire que tout est fait pour dissuader les curieux, sans parler des pancartes prévenant du danger de la chose pour cause de mines, munitions, sol abîmé et blabla. Bon, en fait je dois revoir le danger à la baisse, quoique que ça aurait donné du relief à mon récit... Mais je ne voudrais pas trop inquiéter les gens qui lisent et qui m'aiment : donc non le sol n'est pas affaissé et jonché de mines; en tout cas je suis toujours vivante.




On n'a pas fait les choses à moitié, avec Béa et Manolo, on est allé acheter une lampe de poche chez Kaufland et du chocolat triple épaisseurs pour affronter le danger. A 23h on a quitté la résidence August-Bebel direction l'inconnnu, le tout sous la bruime et dans une semi obscurité peu rassurante (je rappelle que FFo est une ville sans lampadaire !). Dans le mur on a trouvé un trou où l'on s'est engouffré, pas inquiété pour un sou par un potentiel témoin susceptible de nous dénoncer, puisque Frankfurt Oder est une ville fantôme dès la première étoile. J'ai ouvert la marche la lampe à la main, bercée par les blagues de mes deux zigottos à l'arrière (bah oui pour détendre l'atmosphère parce que mine de rien ça fait un peu peur la caserne !).




On a choisi un bâtiment un peu au hasard, parce qu'après tout on avait l'embarras du choix, une vingtaine de bâtiments plus ou moins indentiques s'offraient à nous, tous enveloppés d'une obscurité invitant guère à la promenade. Mais voilà on avait franchi la barrière il nous fallait y rentrer !
Une fois passé la porte d'entrée en bois couchée sur le sol et chatouillée de ronces, on a préféré s'engager dans l'escalier menant au premier étage, celui menant à la cave était vraiment trop trop sombre. Faut dire que la lampe en promotion de chez Kaufland c'est fun mais ça éclaire pas grand chose...




Bon bah au premier étage c'est vide, un immense couloir sur notre gauche, et un autre sur notre droite, nous saisissent sur place, noyés dans l'obscurité, on en aperçoit pas le bout. Chacun serpente et dessert une dizaine de chambres toutes identiques et vides à l'exception de quelques coffres et armoires. Au sol, du parquet humide ou du carrelage brisé, au mur des peintures fades mais tout de même décorées, ou des papiers peints pleurant, victimes de l'humidité. On trouve des pièces en carrelage blanc qui semblent être des salles de bain collectives. C'est immense, les pièces se succèdent, au bout on trouve d'autres escaliers, on les grimpe pour découvrir un second étage identique au premier. Les vitres sont brisées, les rares écritures indéchiffrables car en russe. Une pancarte au dessus d'une lourde porte de bois décrit le quotidien des soldats, ça n'a pas l'air réjouissant.








On quitte les lieux au bout d'une heure, en ayant à peine visité un 5ème de la surface totale de la caserne. Les greniers me tentent vraiment, et les salles à manger-cantines aux extrémités des bâtiments aussi. Je me demande bien ce que va devenir ce bâtiment, voilà plus de dix ans qu'il trône ici abandonné, suscitant la curiosité des étudiants d'August-Bebel résidant à proximité. La nuit quand je rentre seule, il me faut parfois changer de trottoir tant son obscurité semble vouloir aspirer le moindre passant. Mais elle me plait bien moi cette caserne, elle est sacrément imposante malgré son état. La détruire serait sûrement extrêmement cher... Et puis, pour construire quoi?



La caserne n'est que l'exemple le plus impressionnant d'un bâtiment à l'abandon à Frankfurt-Oder, parce que les maisons vides sont à la mode à FFo, chaque rue à la sienne voire les siennes, et je pourrais à mon avis consacrer plus d'une semaine à leur exploration. Pour ce qui est de la caserne, je compte bien la continuer, ma visite, mais peut-être la journée, sous un soleil radieux, ça rendra la chose moins impressionnante mais un peu plus rassurante.

mercredi 13 février 2008

Et en prime pour l'attente, un p'tit poème qui paye pas de mine !


Y'en a pour tous les goûts,
Des a pois, des rabougris,
Des volubiles, des tout petits,
Des trop modestes, et des rayés,
Des enfumés, des pieds de nez,
Des à ce soir, des toujours en r'tard,
Des décalés, des trois fois deux,
Des grands géants, des mal aux dents,
Des j'vous en prie, des confettis,
Des on a toute la vie, des champipi,
Des rigolos, des fans de rando,
Des t'en fais pas, des je s'rai là,
Des énergiques, des à la folie,
Des ce s'ra nous, des tout foufous,
Des j'me suis pas trompée, des enlacés,
Des Saint Vincent, des nuits de magie,
Des longs d'un mois, des juste pour toi,
Des rien qu'à nous, des tout secrets.

assolement triennal, monèmes fonctionnels et Glühwein

OUHH je suis là !!! Toujours vivante et la tête pleine de nouvelles aventures. J'ai de quoi écrire et me faire pardonner de mon looooooooooooooog silence. Faut dire que j'ai quelques excuses à mon actif. D'abord un séjour à Paris pour les vacances de Noël sans mon ordi bien sûr, puis le retour (difficile après tout ce temps bien entourée) à Frankfurt où le thermomètre affichait tout gentiment -10 (arghh), puis l'arrivée de ma meilleure Freundin, Béa qui fait un stage dans une usine de Zink à FFO et vit donc à August-Bebel Strasse, dans un appart à deux pas du mien, puis la panne d'Internet dans toute la résidence en décembre à cause d'une tempête de vent, puis la mort de mon ordinateur (avant de faire mon deuil je crois les doigts, je rentre à Paris dans une semaine et espère pouvoir le faire réparer, et sauver tout ce qu'il contient, soit deux ans de ma vie en photos, cours, musique, etc...), puis surtout surtout, un mois d'exam... bah oui en Allemagne les périodes d'examens sont étendues, et je dois dire que je n'ai pas chômé ! J'ai terminé aujourd'hui, à 11h03 précisement : point final à ma dissert de sociologie, oui oui en Allemand. Tout en Allemand, je m'étendrai pas sur la difficulté que c'est de faire rentrer autant d'informations en langue étrangère dans ma petite tête ! A mon actif donc quatre Klausuren (examens), un en linguistique que j'ai "bestanden" (réussi), un en allemand également, un en histoire économique dont j'ai reçu la note aujourd'hui (j'en suis super contente et soulagée!); puis sociologie que j'attends. Voilà puis ça aussi été une période chargée en exposés et réflexion sur les Hausarbeite (des "mémoires" d'une vingtaine de pages chacun que je suis censée rédiger pendant les vacances, en allemand toujours !).

J'en ressors un peu grandie :) non non je suis toujours aussi près du sol, mais par contre j'ai appris qu'en Allemagne il faut se réjouir d'un 1, c'est la meilleure note (utile à savoir sinon on peut effectivement se demander pourquoi notre voisin saute de joie alors que sa copie est barré d'un gros 2 rouge... he oui, 2 c'est bien chez eux, ça correspond à un 16 en France). Enfin j'ai aussi appris qu'il existe une politesse négative et une autre positive, que Saussure distingue Langue/parole/langage, que les oiseaux recommencent à chanter à FFo parce qu'il ferait presque chaud, que l'on peut survivre sans ordinateur, que les bidules qui servent à relier les barrières métalliques sur l'autoroute s'appellent des Bügel (merci Béa!), que la révolution agraire a mis fin à la Dreifelder Wirtschaft (assolement triennal), que Barcelone est une ville superbe !, que la terre en jachère se dit Brachland (mot encore plus inutile que la Gallenblasen je crois !), que le café Hemingways n'est pas mort malgré mon absence de plusieurs mois, qu'il faut éviter de boire trop de vin chaud (Glühwein) au risque de s'engager à cuisiner français pour soixante personnes la veille d'un exam, qu'il n'est pas étonnant de recevoir un coup de fil en allemand à 5h45 du matin (à 5h45 je ne parle pas allemand moi!) vous donnant rendez-vous dans une demi heure pour épauler la présidente de l'université à l'ambassade de France de Berlin (j'y serais bien allée pour les petits fours... mais à 6h quoi!)...
que les marchés de Noël à Berlin sont des marchés de saucisses, que je viens de finir un semestre déjà ici à la frontière polonaise et que je suis plus que vivante, que y'a du soleil et 20 degrés à Barcelone mais que j'y vais pour les vacances (!!), que mine de rien on est content de retrouver sa famille après quatre mois, que Paris est une ville superbe, que Georges Mead a développé le symbolisme interactionniste; que les Hensel Twins sont deux soeurs se partageant le même corps, qu'il m'arrive de réussir à m'exprimer en allemand, qu'il suffit d'écrire une nouvelle sur le thème du crime pour gagner un voyage à Vienne utilisable jusque décembre (oui oui je pars à Vienne... je sais pas encore quand !!), que mon prof de socio est sévère mais pas injuste, que l'on peut manger deux semaines avec un colis postal de plusieurs kilos en provenance de la France (merci merci !), que l'on peut décider de faire grève de ménage pendant 24 jours pour cause d'examens, que l'on en vient à regretter de ne pas voir ses petites colocs pendant les vacances (bah oui je suis en vacances là !)...
qu'écrire deux mémoires en allemand c'est presque tranquille à côté des révisions, que je peux faire un exposé en allemand devant un public allemand, avec des notes en allemand, et des mots allemands, sans perdre mes moyens, que mon portable ne tient que 3 minutes avant de s'éteindre pour cause de batterie morte, qu'il ne faut jamais laisser ses plantes sur la table du salon quand les colocs sont maladroites, qu'une panne d'Internet favorise la création artistique (notre appart est superbement décoré maintenant, on y a passé plusieurs soirées), que la chanson "l'amour à la Française" me plaît beaucoup, que Poznan est une très jolie ville polonaise où l'on peut flâner trois jours si l'on résiste au froid, que les grévistes en Allemagne ne créent pas spontanément de comité de grève, qu'il me faut réparer mon vélo, qui a le pneu crevé, maintenant que le temps est plus clément, que ce soir je dois cuisiner français pour Pamela qui m'a imprimé tous les cours d'Industrialisierung sans compensation, que j'ai gagné un imprimeur de sapin dans un oeuf kinder, que Besancenot insère des "écoute, pouf..." dans ses interviews (cf. Chat du Monde de fin janvier), que j'ai des crises d'eczéma comme quand j'étais petite, que la frontière avec la Pologne est ouverte (je regrette presque les militaires verts)...
qu'une chocolat party pendant les exams en famille-coloc est très réconfortante, qu'au jeu du loup garou je préfère être celui qui raconte parce que j'ai peur de me faire dévorer, que deux petits chevreuils campent devant la résidence à 5h30 du matin (oui j'ai même pris une photo!), que les conducteurs de train ont des emplois du temps pas humains (enfin on s'en doute, mais quand on voit le planning de près ça refroidit!), que mes cheveux poussent vite, qu'un calendrier de l'avent fait main et offert par Julie ça donne du courage pendant les dures nuits d'hiver, que nos doigts s'habituent très vite aux claviers tchèques, que là y'a du soleil et ça donne un goût de printemps, que je vais pouvoir profiter de mes vacances !!!
Alors pour les photos... Sans mon ordi ce n'est pas évident, là j'écris de celui de Béa... Ah j'ai trouvé ! Béa a pris de superbes clichés de FFO. Je mets en prime deux photos de Barcelone, une de ma main sur la plage et une autre d'un parc pour petits assez peu "bon enfant" !